1945 Le nouveau pont de Neuf-Brisach

Le nouveau pont de Neuf-Brisach, janvier 1945.

En janvier 1945, alors que les efforts de la 1re Armée française et des divisions américaines allaient anéantir les troupes enfermées dans la poche de Colmar, le Génie allemand faisait sauter le pont-rail qui franchissait le Rhin à Neuf-Brisach. L’ouvrage était constitué par trois travées métalliques de 72 m de portée chacune, supportées par des piles intermédiaires et reliées aux deux rives par des travées secondaires également métalliques.

Le pont avant sa destruction
L’explosion détruisit tous les appuis à l’exception de deux piles en rivière et de la culée sur la rive allemande. Toutes les travées étaient effondrées, sauf la travée centrale franchissant la passe navigable. Les travaux de déblaiement et de reconstruction furent entrepris en décembre 1945. Il fut décidé de remplacer le pont de chemin de fer par un pont-route devant permettre la suppression du pont de bateaux établi en aval qui, par suite de sa force portante limitée et de ses coupures fréquentes imposées par le rythme de la navigation, gênait considérablement la circulation entre les deux rives.

La S.N.C.F. faisant valoir ses droits de propriété de l’ancien ouvrage, réclama pour ses besoins la travée intacte. Celle-ci fut scindée en deux parties lesquelles furent transportées sur des chalands à Chalampé pour être utilisées à la reconstruction du pont de chemin de fer également détruit.

La travée de 72 m côté français, effondrée dans le Rhin, était coupée en deux tronçons qui furent relevés à l’aide de tours en charpente de bois de plus de 15 m de haut. Les panneaux détruits furent remplacés par de la charpente neuve. La travée ainsi reconstituée fut ripée dans le nouvel axe de l’ouvrage, prolongée par un avant-bec en porte-à-faux de 36 m, puis lancée au-dessus de la passe navigable. Elle vint prendre appui sur les deux piles subsistantes qui avaient subi auparavant des modifications appropriées.

Une partie de l’avant-bec constitua la travée suivante, réalisant la jonction avec la troisième travée effondrée de 72 m dont on avait relevé, ripé et réparé un tronçon de 36 m. Le reste de la brèche fut franchi à l’aide de passerelles préfabriquées, provenant du pont artificiel construit par les Alliés à Arromanches lors de leur débarquement.

Les appuis sur berges furent constitués de piles en béton, les appuis en rivière de palées en bois reposant sur des dalles en béton armé coulées sur des pieux battus, en béton armé également. Les travaux durèrent deux ans et revinrent à 75 millions. 1.010 tonnes d’acier furent façonnées ou manipulées, 1,700 m 3 de béton coulés. 1,200 m 3 de bois entrèrent dans la construction des appuis, tours de relevage, plate-large et échafaudages divers.

L’ouvrage, a une longueur de 346 m, 60 et présente une largeur de voie charretière de 3 m, 05. Au premier et deuxième tiers de la longueur, il a été aménagé des élargissements permettant le croisement de véhicules allant en sens contraire. Le long de tout l’ouvrage court une passerelle pour piétons.
Le débouché réservé à la navigation est amélioré. L’appui provisoire établi par le génie allemand entre les deux piles en rivière et qui réduisait la largeur de la passe navigable a été démoli. La navigation dispose de cette façon de toute la largeur entre les deux piles.

L’ouvrage fut inauguré le 19 décembre 1947 en présence de M. le Préfet du Haut-Rhin, de M Pène, Délégué pour le gouvernement Militaire du Pays de Bade et de nombreuses personnalités civiles des Pont-et-Chaussées et des Travaux Publics.

On remarquait également la présence du Colonel Plan, Commandant le 10e Génie et de plusieurs officiers représentant les T.O.A., soulignant ainsi la part prise par le Génie de l’armée d’occupation dans l’édification du pont. La cérémonie d’inauguration, d’une grande simplicité, se résuma au passage des officiels qui, venus de la rive française après avoir coupé le ruban traditionnel rencontrèrent sur le pont les personnalités arrivant de la berge allemande. Quelques instants plus tard, au cours d’un vin d’honneur, M. Le Préfet du Haut-Rhin et M. Pène, prenant la parole, soulignèrent l’efficacité des efforts accomplis pour la reconstruction de nos ouvrage d’art.

L'ensemble du chantier vu de la rive allemande
source Burda Offenburg
Date de création : 2023/03/27 # 20:53
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